La Finlande dispose-t-elle du meilleur système scolaire au monde ? De nombreuses personnes le pensent, confortées par la première place occupée aux classements PISA. Alors pourquoi la Grande Bretagne ne copie-t-elle pas ce modèle nordique ? Le système fonctionne avec des « écoles privées » quand il ferait mieux de s’inspirer du modèle finlandais, moins « privatisé». Cet article écrit par Gabriel H. Sahlgren*, présente une analyse « critique » de ce modèle et les leçons à tirer de l’expérience finlandaise en matière d’éducation.
« La Finlande est devenue une référence pour le mouvement anti système, ce qui me semble bizarre. Je suis un Suédois, travaillant à Londres pour le « Centre pour la réforme du Secteur de l’Education » à l’Institut des Affaires Economiques. J’ai récemment écrit un livre sur le choix de l’école. Pour ce que ça vaut, voici mon avis sur le modèle éducatif finlandais.
Premièrement, alors que la Finlande occupe une place de choix au classement PISA, ce tableau d’honneur particulier est conçu pour des tests spécifiques, plutôt que pour vérifier les connaissances et compétences générales acquises. Cela signifie qu’il n’est pas adapté pour étudier le degré d’assimilation d’autres compétences basées sur les mathématiques tel que l’ingénierie, l’informatique ou l’économie. Il s’agit là d’un défaut évident : ces sujets sont susceptibles d’être cruciaux pour l’avenir du bien-être économique des pays développés.
Les ardents défenseurs du modèle finlandais parlent rarement de ses performances dans l’enquête TIMSS, test international qui met d’avantage l’accent sur les connaissances fondées sur le parcours, qui ont chuté au cours de la dernière décennie. Les élèves finlandais de la huitième année son aujourd’hui moins performants que ne l’étaient ceux du septième en 1999, marquant un net recul par rapport aux nations les plus performantes. Pas si miraculeux que ça. C’est ainsi que 200 universitaires finlandais ont mis en garde en 2005, contre l’excès de satisfaction induit par les résultats du PISA. D’autres se demandent si elle représente réellement une victoire, puisque certaines connaissances ont été sacrifiées en cours de route.
De ce fait, le modèle finlandais pourrait ne pas être si performant après tout, en partie parce que son programme centralisé a ignoré certains concepts qui ne sont pas pris en compte dans l’enquête PISA. Mais là ou le pays change, c’est dans la mutation de son système. Même si il est vrai que la Finlande n’a pas encore beaucoup d’écoles privées, le système de l’Etat ayant toujours été performant, 37% des élèves d’Helsinki en âge d’être scolarisés fréquentent des écoles privées. La plupart des villes finlandaises ont aussi au moins une école basée sur le modèle suédois, à la quelle tous les élèves ont accès.
En outre, pour l’enseignement secondaire (à partir de 16 ans), qui n’est pas obligatoire, le choix est plus large. Un élève finlandais sur huit fréquente une école privée ; à Helsinki, c’est un élève sur trois. Techniquement, l’admission dans ces écoles est déterminée par le choix des élèves et par leurs résultats obtenus à l’école primaire, sans prendre en compte leur lieu d’habitation. Ainsi, dans ces établissement on est plus proche d’un système « lycée classique » plutôt que d’une institution généraliste et polyvalente. La recherche nous suggère que ce système conduit à l’amélioration de la réussite dans les classes inferieures, car les élèves travaillent dur pour pouvoir accéder à des écoles et des programmes prestigieux. En d’autres termes, le système extrêmement concurrentiel qui existe en secondaire, conduit également à l’accroissement de la recherche de la performance dans les niveaux primaires.
Ainsi, la Finlande développe une école de plus en plus orientée vers la performance, ce qui explique en partie son succès à l’enquête PISA. Des études montrent sans équivoque que la diversité des choix proposés par le système scolaire influence le classement des pays aux tests PISA et TIMSS. Cela accroit les bénéfices et réduit les coûts. De ce fait, la Finlande gagnerait à instaurer plus de choix dans son système éducatif, ce qui contraste fortement avec le système actuel.
Alors que l’approche généraliste de la Finlande favorise la réussite aux évaluations PISA, elle n’est pas nécessairement performante sur d’autres critères. Ce succès est en grande partie du au choix de l’école et à la recherche de la performance. La leçon pour la Grande Bretagne est claire : Choisir de développer l’offre éducative. Plus il y’en a, mieux c’est. »
* Gabriel H. Sahlgren est directeur de recherche au Centre pour la Réforme du Marché de l’Education, basé à l’Institut des Affaires Economiques, et auteur du livre « Inciter à l’excellence: choix de l’école et qualité de l’éducation ».
Traduit de l’anglais